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sa promesse ne pouvoit perdre son Église, que cet article fust conservé en icelle, que son éclipse fût briève, qu’il revinst bientost à sa première splendeur et lumière. Brief, comme les médecins disent que le cœur est le premier vivant et le dernier mourant en l’homme ; que ce cœur aussi de l’Église par lequel elle a commencé à vivre, bien que le premier attaqué du venin de Sathan, en fust le dernier atteint au vif, et le premier délivré ; comme certes il est advenu en nos jours où Dieu faisant comme renoistre son Évangile après tant de ténèbres, a voulu, par sa singulière grâce, que ce point ait esté le premier remis en son entier, par ceux qu’il avoit suscitez pour la restauration de son Église.[1] »

Or la messe, envisagée comme sacrifice au sens catholique, est le renversement de la doctrine de la justification par la foi ; elle atteint l’Évangile dans sa source, dans son essence même. En le renouvelant, elle ôte au sacrifice du Calvaire toute sa signification et sa portée, et elle est en contradiction absolue avec l’enseignement des Écritures.

Duplessis-Mornay ne devait pas s’étendre aussi longuement sur la messe considérée comme sacrement, par la raison que ce côté de la question avait déjà été particulièrement élucidé par plusieurs de nos polémistes protestants. C’est le motif qu’il invoque lui-même. « Matière, dit-il, traitée si exactement

  1. De l’institution, usage et doctrine, etc., pages 709 et 710.