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défense de plusieurs grands personnages, tenant jusques en l’an 1200 et plus, pour la grâce de Dieu contre l’ingratitude de l’homme ; la doctrine pharisaïque gaigna le dessus, et non tellement toutesfois qu’en mesme temps, elle ne fust encore contredite presque parmi toutes les nations de la chrestienté, par plusieurs gens de bien, jusqu’à souffrir la mort pour sa confession ; contredite mesme par les plus solides maximes de ceux desquels la subtilité l’avoit establie ; qu’en icelle nous est proprement advenu, comme es régions les plus septentionales, où la clarté des crépuscules se rencontre de si près, que le jour n’est pas si tost mort d’un côté, qu’il ne renaisse de l’autre. N’aiant esté cet article si tost offusqué des ténèbres qui avoient occupé l’Église que nous ne l’aïons veu si tost après plus éclairci que jamais. En quoi nous avons à remarquer la singulière bonté de Dieu envers son Église. Car d’autant que la justification est le point de la doctrine chrestienne qui joint l’homme à Christ, qui fait la différence propre de l’Église à toute autre assemblée ; du chrestien, à tout autre homme ; sans lequel nul ne peut estre chrestien ; avec lequel seul bien entendu, nous en retenons et le nom et l’effet ; brief qui se peut appeler à bon droict, la vie du chrestien, l’âme de l’Église, le lien du mariage de Christ et de son Église. Il estoit certes du tout nécessaire, puisque Dieu selon