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sertation à établir cette vérité doctrinale. La démonstration qu’il tire des textes de l’Ancien Testament, aussi bien que des passages revendiqués par les partisans de la messe, que de ceux qu’il invoque pour sa propre thèse, est fort lumineuse. Faisant ensuite l’historique de cette conception, ou plutôt de la substitution du sacrifice de la messe au sacrement de l’Eucharistie, l’auteur montre que cette grossière erreur est née de la transsubstantiation, et de toutes les inventions audacieuses inconnues dans le Nouveau Testament : notamment le purgatoire et l’invocation des saints, etc. Il consacre la fin de cette partie de son livre à réfuter la doctrine du mérite des œuvres, et à rétablir sur ce point capital la pure doctrine de l’évangile. Nous voulons citer quelques lignes de la conclusion de ce troisième livre. Elles nous paraissent intéressantes à plus d’un titre. C’est un morceau d’une rare clarté.

« Or, de cette déduction, dit Mornay, nous recueillons : Que cette doctrine de la gratuite justification au sang de Christ, par la foi, a esté longtemps conservée en l’Eglise en sa pureté, bien que vivement assaillie par Sathan, et en diverses instances comme le siége de nostre salut. Que néantmoins elle a reçu de grandes altérations par la nature orgueilleuse de l’homme, par la doctrine des philosophes, par la subtilité des scholastiques, par l’humeur pharisaïque des moines, tant que nonobstant la courageuse