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la plus étendue ; elle renferme près de 400 pages. Il part de la distinction profonde, radicale qu’il faut établir entre le sacrifice et le sacrement. Les « cérémonies qui sont de l’homme à Dieu, dit-il, ont proprement le nom de sacrifice ; celles qui sont de Dieu à l’homme, celui de sacrement. »

La Sainte-Cène, dit-il ailleurs, n’a point été instituée pour sacrifice, mais pour sacrement ; elle ne peut être nommée sacrifice, sinon en tant que c’est une action sacrée, ou une commémoration du sacrifice de Notre Seigneur, une fois faite en « l’arbre de la croix », pour nos péchés, ou une action de grâce pour les « bénéfices reçus par lui ». La messe ne peut être appelée propremen tsacrifice, et encore moins sacrifice propitiatoire. Les sacrifices de l’ancienne Alliance, figuratifs de celui qui devait s’accomplir dans l’économie évangélique, étaient renouvelés sans cesse, parce qu’ils étaient incomplets et ne possédaient pas par eux-mêmes la puissance de rédemption. Mais le sacrifice de la croix, qui a réalisé l’idée de tous les sacrifices de l’ancienne Alliance et accompli l’acte de rédemption qu’ils ne faisaient que figurer, a eu lieu une fois pour toutes. Étant parfait en lui-même, et ayant opéré la délivrance éternelle de l’homme, dans tous les temps et dans tous les lieux, ce sacrifice ne saurait être répété ; et de fait il ne l’est point, les Ecritures l’attestent.

Duplessis-Mornay consacre une très savante dis-