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sentants du Christianisme primitif et renouaient la vraie tradition évangélique.

Et quant aux autres traditions sur lesquelles s’appuient les défenseurs de Rome : « Elles s’étaient insinuées et accrues avec le temps, nous dit Mornay, par la culture des hommes jusques à estouffer les vraies plantes du champ du Christ : de traditions que nous avions en la lecture de l’antiquité, premièrement en semence, puis germer, croistre, monter en tuiau, venir en graine, et surmonter enfin le bled, couvrir la terre, arrousées de la vanité et curiosité des hommes, fumées et fomentées de l’ignorance des plus ténébreux siècles. De traditions desquelles nous ne voions en l’Ecriture sainte, ni la primitive Eglise, pour la plus part aucune trace, mais que de siècle en siècle nous voions naître de quelque mot dit à la traverse, ou de quelque action inopinée, comme herbes à l’avanture, sans qu’on y prenne garde : venir de privations ou négative, en une proposition douteuse ; d’icelle passer en une affirmation mal asseurée, et puis, en une conclusion toute absolue, dont on tire à quelque temps de là, et à divers siècles, des corollaires si estranges, des conséquences si esloignées des premiers errements, que les premiers qui en ont jetté les semences sans y penser, comme les oiseaux qui laissent cheoir une noix ou un gland, ne les advoueroient