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principale forteresse du catholicisme[1]. On ne s’étonnera donc pas que Duplessy-Mornay ait songé, lui aussi, à livrer bataille aux adversaires de sa foi sur ce terrain, après les avoir déjà si vigoureusement combattus dans son traité de l’Église[2].

En 1598[3], il publia un ouvrage considérable sous

  1. On connaît les pages éloquentes que Calvin à consacrées à ce sujet dans son Institution Chrétienne et dans ses commentaires sur le Nouveau Testament ; les travaux de Viret et de Th. de Bèze pour la France et la Suisse française. On sait également que l’Eucharistie fut la plus importante des questions débattues au colloque de Poissy, et parlaquelle les Guises espéraient brouiller les protestants de France et d’Allemagne.
  2. Cet ouvrage parut en 1577. La paix de Bergerac avait laissé à Mornay des loisirs qu’il employa à lire les Pères de l’Église. Le résultat de cette lecture fut la composition du Traité de l’Eglise. Ce livre, remarquable autant par le fond que par la forme, est sans contredit un des meilleurs ouvrages de Mornay. Le chapitre qui traite de la primauté de Pierre, en particulier, est écrit avec une verve, un bon sens admirables ; il se lit comme le roman le plus attachant et le plus passionné. La publication de ce livre donna lieu à un incident fort curieux et peu connu, croyons-nous. Il ne sera peut-être pas déplacé ici. Le baron de Menneville, un parent de l’auteur, ardent catholique, entreprit une réfutation de l’ouvrage. Il se fit aider par un moine de Rouen du nom de Corneille (est-ce un parent de notre grand tragique ? cela n’est pas impossible). Mais celui-ci en y travaillant « receut la cognoissance de la vérité par iceluy ; en y contredisant quitta le froc, et s’en alla à Genève, où il fut reçu ministre ». (Mémoires de Mme de Mornay) page 119.
  3. Au mois de juillet, dès l’année 1596, Mornay avait presque achevé son ouvrage. Il demanda au Synode général réuni à Saumur de vouloir bien le faire examiner avant qu’il fût imprimé. Le Synode nomma à cet effet une commission composée de Merlin, Macefer et Vincent. Ces deux derniers étaient pasteurs de l’église de Saumur.