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simple et touchante de la Sainte-Cène, telle qu’elle fut célébrée par Jésus-Christ et par les apôtres, s’étaient substitués non seulement un sacrement d’un caractère tout différent, mais encore les somptuosités et la mise en scène d’un sacrifice. De là ces images, ces statues, cette richesse et ce luxe dans les édifices religieux, dans les ornements sacerdotaux, etc. De là aussi, chose non moins grave, l’altération profonde du caractère et du rôle du ministère évangélique. De témoin de la vérité, de prédicateur de l’Évangile qu’il était à l’origine, le pasteur ou évêque se trouva transformé en un personnage mystique, en une sorte de canal magique et obligé des grâces divines.

Et combien d’autres erreurs, de pratiques étranges devaient sortir de cette conception du sacrement eucharistique, qui était comme le centre, l’âme du culte chrétien ! Le service des morts — si la messe est un sacrifice, elle peut être offerte au bénéfice d’autrui, et par procuration — le purgatoire, le célibat des prêtres, conséquence forcée de la situation tout à fait exceptionnelle que leur créaient ce rôle de sacrificateur et l’espèce de divinisation qui en faisait des êtres supérieurs au reste de la société religieuse. Tout cela encore dérive plus ou moins directement de la doctrine de la messe.

Il était donc naturel que les théologiens protestants du XVIe siècle dirigeassent leurs efforts contre une institution, qu’ils considéraient à bon droit comme la