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se poursuivaient avec grande difficulté à cause du froid intense qui y régnait. On avait dû diminuer le personnel, qui ne pouvait résister à cette température glaciale.

Avec le mois de mars cependant, les travaux recommencèrent avec une recrudescence d’opiniâtreté, de la part des ingénieurs, à vaincre les mille et une difficultés qui se présentaient sans cesse à la poursuite de leur tâche.

De nouvelles fournées de travailleurs, toujours en majorité composées d’étrangers, arrivaient sans cesse. La plupart étaient à pied, ayant parcouru la distance de neuf milles qui sépare l’Isle Maligne du chemin de fer.

De solides gaillards Canadiens, sortant du bois où ils avaient passé l’hiver dans les chantiers, vinrent offrir leurs bras. On les refusa impitoyablement, sous prétexte que les listes étaient remplies. Ces bons Canadiens, qui ne demandaient qu’à travailler, ne pouvaient s’expliquer pourquoi on leur préférait des étrangers pour ce travail extra hasardeux, il est vrai, mais pour lequel ils se sentaient amplement qualifiés.

Quelques-uns allèrent se plaindre à leurs députés, mais sans succès. Les étrangers étaient maîtres dans leur pays, où ils n’avaient même pas le privilège de servir de bêtes de somme.

Le camp de construction était composé d’une suite de bâtisses d’un seul étage, construites de deux rangs de planches embouvetées, séparées par une épaisseur de papier goudronné afin de