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— C’est moi pas comprendre bien ce que dire vous, Moussieu, reprit le jeune homme.

— Trêve de plaisanteries ! répondit le père, pendant que la mère tremblait dans la crainte d’une scène.

— Sois charitable ! lui cria-t-elle, couchée dans le fond de la cabane. N’as-tu pas pardonné ?

— Oui, mais ce que je ne lui pardonne pas c’est de me parler anglais et d’essayer ainsi de me mystifier.

Le jeune homme regardait d’un air étonné cette scène que sa connaissance rudimentaire du français ne lui permettait pas de saisir.

— C’est moa, going to Isle Maline, for chercher l’ouvrage, dit le jeune homme toujours de plus en plus surpris de la scène dont il était le témoin, sans trop se rendre compte de ce qui se passait.

Il enleva sa casquette anglaise et la déposa sur le dos d’une chaise.

— Ça ne peut être André, cria Madame Lescault du fond de sa chambre, il a les cheveux roux.

Tous envisagèrent le jeune homme avec stupéfaction ; lui continuait à ne rien comprendre. Ce sont pourtant des gens qui ont l’air bien, se dit-il à lui-même. Est-ce parce que je suis anglais ? Ce n’est pourtant pas un objet de curiosité qu’un anglais au Canada !

La jeune Henriette, qui avait quelque connaissance de l’anglais, écrivit sur une tablette : What is your name ?

— Jack Brown ! répondit-il.