Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 93 —

Comme ils étaient ainsi à causer sur le sort d’André tout en travaillant, ils voient venir en courant Madame Lescault, qui avait un air étrange, balbutiait, hésitait, sans pouvoir dire ce qu’elle voulait.

— Voyons, calme-toi ! lui dit enfin son époux. Qu’y a-t-il que tu sois si énervée ?

— Il y a !… Il y a ! Il y a qu’un jeune homme qui s’en vient sur la route ressemble étrangement à André. En disant ces mots elle s’évanouit.

Ses quatre fils, aidés de leur père, la transportèrent rapidement à la maison où elle reprit bientôt ses sens.

— Voici que le jeune homme approche, dit Henriette, la plus jeune de la famille. Tous se transportèrent à l’étroite fenêtre pour épier les mouvements de celui qui approchait.

— Grand Dieu, c’est lui ! dirent-ils à l’unisson.

Le jeune homme, qui portait un lourd sac sur son dos, frappa enfin à la porte de la cabane.

— Entrez ! dit d’une voix tremblante le père de famille.

Good day sir ! dit le jeune homme en entrant. Pour sûr c’est une mystification, se dirent tous ensemble les membres de la famille, figés comme des statues.

— Tu peux parler français, lui dit le père…. Sois le bienvenu… pour ta mère.

Sa vieille colère s’était réveillée à la vue de l’arrivant.