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subis l’opprobre avec la pègre, que cette même bonté humaine m’a donnée comme compagne.

— Il ne faut pas maugréer contre la Justice, mon ami, reprit le gouverneur, il faut payer ses dettes à la Société, et ce n’est pas sa faute si vous êtes tombé.

— Vous avez raison, Monsieur le Gouverneur, dit André d’une voix plus douce, et j’aurais mauvaise grâce de me défendre contre un homme convaincu, comme vous l’êtes, du crime dont j’ai été accusé ; mais puisque je suis libre, je n’ai qu’à vous remercier. Je sais que vous êtes bon et que, si cette faveur m’est accordée, c’est à vous que je la dois.

— Ah ! voilà que vous parlez sensément ! Préparez vos malles immédiatement, car vous sortez à neuf heures et il en est déjà sept. Vous n’avez pas de temps à perdre. Vous trouverez vos habits civils dans votre compartiment.

André se dirigea lentement vers sa cellule dont il trouva la porte ouverte. Une boîte de friandises avait été placée à côté de ses habits. « Oubliez le passé, ne pensez qu’à l’avenir », avait écrit la vieille matrone, de son écriture irrégulière, sur la boîte de bonbons confectionnés de sa main.

— C’est pas un prisonnier comme les autres, disait souvent la matrone en parlant du détenu Lescault.

— Chère Mélanie ! murmura tout bas le jeune homme ; il y a encore des âmes charitables sur la terre ! Pourquoi l’avais-je oublié ?… Eh bien ! je