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de la mort, il n’exposerait plus sa vie dans un métier aussi hasardeux. Il ne voulut cependant pas partir avant que son sauveteur fût complètement rétabli.

La ressemblance frappante des deux hommes avait donné cours à maints commentaires dans l’hôpital, mais surtout chez les ouvriers.

— Pour sûr que ce sont deux frères, disaient les uns.

— Ils doivent être cousins, disaient les autres. La dévouée petite infirmière était pressée de questions par ceux qui essayaient de percer le mystère qui resta insondable.

Six semaines après son entrée à l’hôpital, André reprit connaissance. L’infirmière lui apprit avec joie que c’était le jour de Noël. Sa première question fut pour s’informer si on travaillait au barrage le jour de la Nativité. Comme on lui répondit dans l’affirmative, il sembla en éprouver une grande peine. Ayant aperçu Jack Brown qui se tenait près de lui, il lui tendit la main que celui-ci saisit et serra longtemps, lui donnant des marques d’une reconnaissance profonde.

— Je ne sais trop comment vous remercier, lui dit-il en anglais, ni comment exprimer mon admiration pour votre bravoure.

— J’aurais sauvé à votre place quiconque fût tombé à l’eau. Vous ne m’avez jamais fait de mal et votre reconnaissance me récompense amplement !

— Jack Brown pâlit en entendant ces paroles et sembla d’une nervosité excessive.