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vifs et bruyants, plusieurs Irlandais à la figure joviale, très peu de Canadiens-Français et nombre d’autres nationalités remplirent bientôt la nef. Quelques-uns portaient leurs habits de travail pendant que d’autres étaient endimanchés. C’était la Tour de Babel, la confusion en moins, car tous baragouinaient assez d’anglais pour se comprendre entre eux.

André pénétra dans l’église un des derniers, pendant que le prêtre montait à l’autel. Sa curiosité l’avait mal servi, car il eut de la difficulté à se trouver une place de banc. Une atmosphère de piété avait envahi l’église en même temps que la foule. L’universalité de l’Église était bien représentée dans cette agglomération de nationalités si disparates, unies dans un même culte, adorant le même Dieu. Le curé fit les annonces en un anglais plus ou moins correct que personne ne sembla comprendre, excepté les Irlandais et quelques Canadiens. À cette messe particulière le curé ne faisait les annonces que pour la forme, et en anglais, sachant n’être pas compris. La quête révéla une grande générosité chez les assistants, car les corbeilles furent remplies.

Après la messe plusieurs firent brûler des cierges, d’autres des lampions. Un grand Polonais qui n’avait pas l’air très pressé arriva en retard et menaça de faire une scène, parce qu’il n’y avait plus de place pour son offrande de lampions dans le lampadaire.