laisser votre porte ouverte. C’est tout du monde « d’adon ». C’est tous des « Canayens » qui pensionnent ici. Les « Pollocks » c’est peut-être du « ben » bon monde aussi, mais on est toujours mieux avec les siens.
— Y en a-t-il beaucoup de ces Polonais qui travaillent au barrage ?
— C’est rien que ça des « Pollocks ». Aussi je doute fort que vous trouviez de l’ouvrage là, car ils n’aiment pas à employer les « Canayens ».
— Et pourquoi donc ? Nous sommes pourtant chez nous, dans notre pays !
— Oui, mais « c’est » des Américains qui construisent le barrage. Ne me demandez pas en quel honneur ; je ne le sais pas, mais c’est pas des gens « d’adon » ces Américains. Ils viennent ici s’emparer de nos biens et quand on va leur demander de l’ouvrage, bernique ; si un « Pollock » arrive, par exemple, vite on lui donne une place. Vite un pic et une pelle pour lui ; quant aux autres, vous reviendrez demain. À la fin ils se « tannent » et ils s’en vont. C’est pas plus malin que ça.
— Mais m’expliquerez-vous pourquoi ? Les Canadiens sont de bons travailleurs ?
— Vous ne voyez pas ? Moi je comprends ça comme ceci : Si un « Canayen » se noie, ça fait invariablement un procès et la Compagnie est obligée de payer, tandis que si c’est un « Pollock », on le laisse disparaître et tout est dit. Sa famille n’en aura jamais ni vent ni nouvelles.