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que la Compagnie qui construisait le barrage hébergeait ses employés.

— Vous n’avez pas d’objection à m’héberger pour la nuit, dit André.

— Non, mais c’est payable d’avance !

— Et combien pour le coucher et le déjeuner ?

— Ma foi, vous n’avez pas l’air d’un homme bien « en moyens ! » Une piastre, c’est-i-trop ?

— Non, merci, j’accepte, voici votre écot.

— Quel est votre nom, Monsieur ? On aime toujours à savoir qui on héberge !

— André Selcault, Madame.

— Selcault, c’est-i anglais, ça ?

— Non, Madame, c’est bien français.

— Je vais vous dire, il y a tant de Mc Donald, de Mc Farlane, de Croft, de Foster, de Drassel, au Lac-Saint-Jean, qui portent des noms écossais et qui sont des « Canayens » comme nous, qu’on sait plus les distinguer. Vous savez il ne me reste plus qu’une chambre, sous le toit. On l’appelle la chambre de Napoléon. C’est un Français qui a pensionné ici qui l’a baptisée comme ça. Il disait que ça lui rappelait la chambre de Napoléon Ier, qui avait habité sous un toit en arrivant à Paris. Ces Français-là ça parle tant ; il faut en croire et en laisser.

— Eh bien ! je dormirai dans la chambre de Napoléon ! dit André en riant d’un franc rire, qu’il n’avait pas connu depuis trois ans.

— Je ne sais si la chambre de Napoléon était chaude, mais celle-ci ne l’est pas. Vous pourrez