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Le train portant les voyageurs, était sorti de la ville au milieu de l’éblouissement des réverbères électriques, mais l’obscurité de la nuit ne laissait plus percer que les faibles lumières des maisons de fermes, où l’on veillait encore. Ici et là, un petit village mal éclairé, offrait peu d’intérêt.

À l’intérieur du wagon de deuxième, de gais lurons s’amusaient ferme pour tuer la longue nuit sans sommeil qu’ils avaient devant eux. Quelques-uns essayèrent de lier conversation avec André, mais il se contenta de répondre poliment à leurs questions.

Encore tout ému des bontés de Madame Coulombe, sa pensée se reportait sans cesse vers elle et vers sa mère. Elle avait peut-être déjà reçu sa lettre. Quelle impression avait-elle produite ?

Le train continua de gravir la montée incessante jusqu’à ce qu’il eût atteint la hauteur des terres au Lac-Édouard. Une chaleur suffocante régnait à l’intérieur du wagon. Au dehors, la lune qui venait de se lever éclairait faiblement la forêt à travers laquelle le train cheminait péniblement, longeant de nombreux lacs et rivières. La neige couvrait déjà le sol, annonçant que l’hiver était proche.

La locomotive sembla faire moins d’efforts quand elle prit l’autre versant des Laurentides et la vitesse du train s’accéléra considérablement. Ayant subi un retard à Rivière-à-Pierre pour faire le raccordement avec le train de Montréal, Lac-Bouchette ne fut atteint qu’au lever du soleil, qui arrosait de ses pâles rayons les eaux calmes