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IV

— As-tu eu de la chance, mon petit ? dit Madame Coulombe comme ils passaient à peine le seuil de la porte. Mon Dieu, plus je le regarde, plus je trouve qu’il ressemble à notre Louis !

— Le petit n’avait pas de références ; tu sais si les règlements sont sévères au Château.

— Si j’avais pu au moins gagner mon passage pour me rendre au Lac-Saint-Jean, dit André en s’affaissant sur une chaise.

Sa réintégration dans la vie ne commençait pas sous les plus heureux auspices. Déjà il s’était heurté à cette première difficulté : vos références ! Oui, en effet, quel certificat pouvait-il offrir pour obtenir même un petit emploi de serviteur ? Il ne lui restait donc qu’à suivre sa première idée : tâcher d’obtenir du travail manuel où il n’aurait plus à subir l’affront qu’il venait d’essuyer.

Pendant qu’André songeait à tout ce passé qui, au lieu de s’effacer revenait continuellement à la surface, le père Coulombe et son épouse tenaient une conversation animée.

— Pauvre petit ! ne cessait-elle de répéter ; il ne faut pourtant pas le laisser partir comme ça. Tiens j’ai une idée ! Il veut partir pour le Lac-Saint-Jean, à ce qu’il dit. Si je lui donnais les cinq piastres que j’ai mises de côté pour la Saint-Vincent-de-Paul ?