— Tu as bien mangé, toujours, mon petit ? interrompit Madame Coulombe. Tu seras plus fort pour aller voir Joseph. Bonne chance, ajouta-t-elle, retournant à sa cuisine en maugréant tout bas : C’est « ben bâdrant » tout de même de faire la cuisine ; on n’a pas fini de déjeuner qu’il faut commencer le dîner. Avec tout ça on n’a pas le temps de parler, et moi qui aime tant ça !
III
À neuf heures sonnant, le père Coulombe qui s’était endimanché pour la circonstance, partit avec André pour le « Château ».
Comme le neveu Joseph n’était pas encore arrivé, ils s’assirent sur un grand fauteuil et s’enfoncèrent dans les coussins moelleux, regardant passer les habitués du « Château » dans un va-et-vient continuel.
Le chef de salle arriva un peu en retard et ne fut pas vu par son oncle. Celui-ci s’intéressait tellement à renseigner André sur ce qu’il voyait, qu’il avait presque oublié l’objet de sa visite.
— Bonjour, mon oncle, fit Joseph en l’apercevant. Quel bon vent vous amène ? Y a-t-il longtemps que vous m’attendez ?
— Je sais pas ; ma foi on n’a pas trouvé le temps long. Il passe tant de monde ici !
— Oui, il y a beaucoup d’activité. Je ne veux pas vous presser, mon oncle ; mais comme je commence mon quart dans vingt minutes…