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timidement à travers l’étroite fenêtre de sa chambre à coucher.

Il se leva d’un bond, craignant d’être en retard pour aller chercher de l’ouvrage, car le père Coulombe l’attendait peut-être.

— Voici le premier rayon de soleil du matin que je vois depuis trois ans, se dit André, tout en se hâtant de faire sa toilette. Puisses-tu être de bon augure pour moi. Tu te lèves sur moi, ô soleil ! au matin d’une nouvelle vie que je commence. Merci pour ce rayon, qui réchauffe mon pauvre cœur.

André se hâta de descendre de crainte d’avoir fait attendre ses hôtes.

— J’ai failli passer tout droit, Madame Coulombe, votre lit est si bon !

— Ça ne presse pas, Louis n’est pas encore revenu de sonner l’Angelus, et Joseph ne se rend au Château qu’à neuf heures. Mon vieux est matineux, il aime mieux, comme il dit, travailler plus longtemps et moins fort. Je le fais « étriver des fois », je lui dis qu’il est paresseux. Tiens, je t’ai fait cuire deux œufs à la coque. Ça te rappellera quand tu étais petit. Tu devais appeler cela des petits cocos, comme mon pauvre petit Louis, qui s’appelait comme son père.

— Merci, Madame Coulombe. Je ne sais vraiment comment je pourrai vous remercier de toutes ces bontés à mon égard, moi un pur étranger.

— N’en parle pas, va ! Tu me rappelles tant mon Louis qui est mort, il y a à peine un an. Un