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la famille pour aller vous établir sur des terres neuves. J’ai bien deviné le motif de ce dérangement. Chère mère, comme vous avez dû pleurer quand vous avez quitté la vieille maison. Où êtes-vous ? me demandais-je souvent. Je compte sur le maître de poste de Verchères, pour vous faire parvenir cette lettre.

Si je ne puis trouver de l’ouvrage à Québec, je me dirigerai vers le Lac-Saint-Jean où, paraît-il, il se fait un grand barrage, à la Grande-Décharge. Là, comme ailleurs, je m’appuierai toujours sur votre cœur de mère, tendre et bon.

Embrassez bien mes frères et sœurs pour moi, sans toutefois leur rappeler le souvenir de leur malheureux frère.

Quant à vous, chère mère, je me blottis dans vos bras et vous baise affectueusement,

André.

P. S. — Je vous donnerai mon adresse si cette lettre n’est pas retournée et tâchez de trouver le moyen de m’écrire.

II

André dormit d’un profond sommeil sous le toit hospitalier du vieux bedeau de la Basilique.

Il était déjà sept heures du matin, quand les pâles rayons du soleil de novembre s’infiltrèrent