connais trop ses dispositions à mon égard. Blessé profondément dans son orgueil d’homme honnête, il ne méritait pas l’opprobre que lui a valu ma condamnation. À quoi bon vous crier mon innocence, avant que les événements se chargent de me rendre justice ! Je ne compte pas pour cela sur la justice des hommes, mais sur celle de Dieu !
Ah ! si ce bon père connaissait la souffrance que m’a causée cette réclusion, ne dirait-il pas dans un geste de pardon : Reviens, mon fils, reviens vers ton pays, et comme l’enfant prodigue : Sois le bienvenu dans la maison de ton père ! Que de fois j’ai pris ma plume pour lui écrire et m’accuser comme un coupable, lui disant : Pardon, mon père ! Pardon, à cause de votre douleur, mais chaque fois ma plume tombait de mes mains. S’il était permis à un fils de rappeler son père à la charité, j’aurais ajouté : Pardonnez-moi comme vous voudriez être pardonné vous-même ! Je le voyais humilié et presque ruiné. Et ce regard de mépris qu’il me jeta en me quittant ! Ah ! non, je ne veux plus revoir ce regard terrible ! Plaise à Dieu, cependant, qu’il vive pour voir éclater mon innocence !
Je suis bien décidé, en attendant, de travailler pour lui remettre les sommes qu’il a dépensées pour me défendre ; de cela personne ne m’empêchera, si ce n’est Dieu lui-même !
Le Gouverneur m’a dit avoir lu dans les journaux, que vous aviez quitté Verchères avec toute