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André hésita un peu pour répondre, puis enfin balbutia :

— Je l’ai perdue il y a trois ans.

— Pauvre petit ! Console-toi ! Tu passeras une semaine ici si tu veux. Le vieux va te chercher de l’ouvrage. Il connaît beaucoup de monde ! Ça fait plusieurs qu’il place par l’entremise de Joseph au Château Frontenac.

— Merci, bonne Madame, de votre bonté ; je vous en serai éternellement reconnaissant !

— C’est bien, mon enfant, n’en parle pas et dors bien.

— J’aurais cependant une petite faveur à vous demander et vous avez déjà été si bonne pour moi !

— Dis-le tout de même, répondit la vieille qui tutoyait toujours André.

— Pourriez-vous me donner une feuille de papier et une enveloppe.

— Ce n’est que cela ? Louis ! cria-t-elle, monte donc une feuille de papier à lettre et une enveloppe ! Tu en trouveras dans le petit secrétaire. Monte aussi une plume et de l’encre. C’est pour notre petit pensionnaire.

— Tu sais, si tu aimes mieux écrire rien que demain matin… c’est comme tu voudras. Bonsoir mon petit et dors bien.

Quand André fut seul, il donna libre cours aux pleurs qu’il avait refoulés en présence de son hôtesse. Avait-il menti en disant à Madame Coulombe, qu’il avait perdu sa mère trois ans aupara-