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Les deux compères continuèrent leur chemin en causant sur le sort de leur ancien voisin.

VII

Le lundi, à l’heure annoncée, une foule de cultivateurs de la paroisse, remplissait la cour en face de la vieille maison grise. Les groupes conversaient à mi-voix, comme si on eût voulu respecter la douleur qui s’était appesantie sur la famille.

L’encanteur, qui avait subi un contre-temps par une panne d’automobile, arriva un peu en retard, au moment où la foule commençait à s’énerver. Il enleva son pardessus à la hâte et monta sur une table placée sur la galerie, pour mieux dominer la foule.

— Nous allons commencer par vendre les « cochonneries », dit l’encanteur en manière d’introduction.

La vaisselle, les plats, la coutellerie furent bientôt adjugés aux plus hauts enchérisseurs.

— C’est au tour des vaches, dit le gros encanteur joufflu qui avait l’air placé en équilibre sur la table chancelante.

— Si tu vends les vaches, t’es mieux de descendre sur leur terrain, cria un loustic. Le piédestal a pas l’air assez solide pour une grosse « estatue » comme toé !