Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/243

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 245 —

hommes de la patrouille. C’est toi qu’ils emmènent, me dit Short ; regarde comme il te ressemble. En effet, je me reconnaissais dans la personne de ce jeune homme que l’on arrêtait à ma place. Heureux de cette méprise, nous nous cachâmes jusqu’au lendemain matin. Après nous être vêtus de neuf, nous achetâmes une automobile avec laquelle nous avons franchi la frontière américaine ; puis nous nous sommes réfugiés à New-York, où nous avons follement dépensé notre argent.

Je suivais les détails du procès de Lescault, sur les journaux de New-York, et, à ma honte, je dois dire que j’en éprouvais de la joie. Après la condamnation de Lescault, me sentant en pleine liberté, je traversai du côté canadien, mais il ne me restait plus que quelques dollars. Ayant appris la construction du barrage de l’Isle Maligne, je m’y dirigeai. N’ayant plus d’argent, je parcourus à pied la distance entre Roberval et l’Isle Maligne. Par surcroît de malheur, je fus induit en erreur et m’écartai du côté nord du Lac. Au cours de mon trajet, je m’arrêtai dans une famille du nom de Lescault. Ces gens me prirent pour leur fils André. Ne trouvant pas la place sûre, je continuai ma marche jusqu’à ce qu’enfin j’eus atteint l’Isle où je n’eus pas de difficulté à me procurer de l’ouvrage. Je me cachai ainsi, pendant trois ans, à la faveur du milieu cosmopolite qu’était Saint-Joseph-d’Alma, à cette époque. Or, un dimanche