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momentanément un peu de froid entre nous ; mais passons.

J’ai peut-être commis une imprudence en vous laissant fréquenter Agathe. Il est vrai que, sans vous, elle n’existerait plus ; mais, d’un autre côté, vous auriez pu accepter la récompense substantielle que je vous ai offerte et nous aurions été quittes. Cependant on ne refait pas le passé. Jurez-moi que votre refus n’était pas calculé, et que vous n’aimez pas Agathe pour sa dot !

— Je vous le jure sur mon âme ! répondit André, inquiet d’une telle entrée en matière. Aucun sentiment sordide ne me guide dans mes fréquentations chez vous. Agathe est belle, bonne, et nous avons les mêmes idées. Si elle a de la fortune, ce n’est pas de ma faute ni de la sienne, et je l’aime pour elle-même. Sauver la vie à quelqu’un, c’est un peu comme la lui donner. Vous comprendrez donc que je me sois attaché d’avantage à elle après l’accident. Rien ne pourrait maintenant m’en détacher, même si les circonstances nous séparaient pour jamais.

— Dieu ne m’a pas donné de fils, il faut y suppléer par un gendre ; mais vous savez que votre situation n’est pas claire.

— C’est pourquoi je ne vous ai pas encore demandé sa main ; et je ne le ferai pas tant que je n’aurai pas été réhabilité.

— Ce sont de belles paroles qui vous honorent, André ; mais de là à les mettre à exécution ! Par quel moyen comptez-vous vous réhabiliter ? Vous avez