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c’était la fausse position sociale d’André, encore connu sous le nom de Selcault. Inutile de songer à son mariage avec sa fille ; sous un faux nom, la loi et l’Église s’y opposeraient. Pourtant c’était celui qu’Agathe aimait ; le seul qu’elle pût aimer et le seul aussi qui possédait les qualités qu’il avait toujours espéré trouver chez celui qui deviendrait son gendre. Une héritière riche et jolie comme Agathe ne pouvait se résigner au célibat, et pourtant tout projet de mariage devait être écarté pour le moment. Monsieur Drassel aurait certainement préféré un fils d’Écosse pour gendre, mais il en avait pris son parti. Marié lui-même à une Canadienne-Française qu’il avait choisie librement, il ne pouvait blâmer sa fille d’avoir un penchant pour les Canadiens-Français. D’ailleurs son éducation était française. Sans rien laisser percer de ses intentions, son épouse avait choisi pour elle une maison d’éducation canadienne-française, et maintenant il était trop tard pour récriminer.

Malgré qu’André eût franchement raconté sa vie à son patron, celui-ci y voyait toujours un mystère qu’il se décida à éclaircir une fois pour toutes. Il le pria donc de passer à son boudoir, un soir qu’il rendait visite à sa fille, pendant que celle-ci finissait sa toilette.

— André, dit-il, j’ai à vous parler de choses sérieuses. Depuis que vous êtes à mon service, je n’ai qu’à vous louer de votre habileté en affaires. Il y a bien cette malheureuse grève, qui a mis