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vieux, réunis à la cuisine, écoutaient avec une religieuse attention le récit que leur fit Pierre Lescault de son expérience et des malheurs tombés sur la nouvelle paroisse de Sainte-Véronique. On servit comme boisson de la petite bière d’épinette et du sirop de framboise. On dansa à la lueur des lampes à pétrole, qui projettent des ombres sur les murs mais n’énervent pas.

XXIII

La famille Drassel, plutôt habituée à la vie de famille, était sortie dégoûtée du vain faste exhibé par les Duprix. Ils n’avaient pas été témoins de la fin tragique de ce bal, où l’énervement causé par l’intensité des lumières avait rendu les invités presque fous. Ils furent heureux de réintégrer leur beau « home », où aucun luxe inutile n’était étalé. Le spectacle des toilettes osées, exhibées avec un sans-gêne choquant, avait jeté le dégoût dans l’âme simple d’Agathe. Elle avait été élevée dans le sérieux du pensionnat de la Présentation, à Coaticook ; la vie du monde lui était indifférente. Elle continua donc, sous la surveillance de sa mère, à s’intéresser davantage à l’art culinaire. Son père était toujours heureux, quand elle lui apportait un plat nouveau, préparé de sa main.

Cette vie paisible tombait dans les goûts naturels de cet Écossais pratique, qu’était resté Monsieur Drassel. Une seule chose le contrariait,