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sortir les habitants de la maison, puis le groupe entonna cette chanson bien connue au Canada :

Bonjour le maître et la maîtresse
Et tout le monde de la maison.

— C’est notre bonne vieille guignolée, dit Madame Lescault.

— Ce n’est pas la guignolée, répondit celui qui était chargé de faire le boniment. Ce sont vos amis, anciens et nouveaux, vos voisins et vos voisines qui viennent vous souhaiter la bienvenue au milieu de nous. C’est si naturel de vous revoir chez vous, sur le vieux bien paternel, habité de père en fils par les Lescault, comme si c’était un héritage de noblesse. Vous avez vieilli, c’est vrai, mais les vieux d’ici ne sont plus jeunes non plus et ils ont vieilli en sympathie avec vos malheurs. Aux jeunes que vous ramenez avec vous, nous adressons aussi notre cordiale bienvenue.

Ces phrases simples, mais venant du cœur, les émurent jusqu’aux larmes. Même Pierre Lescault, que tous ses malheurs n’avaient pu faire pleurer, versa des larmes de joie.

L’éloquence n’est pas l’apanage de ces cœurs simples et bons ; aussi la réponse de Pierre Lescault fut-elle brève :

— Puisqu’on est encore aimés et respectés, soyez les bienvenus dans la maison de mes ancêtres, la vôtre ! dit-il.

Les embrassements suivirent cette entrée en scène et les jeunes s’amusèrent ferme. Les plus