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pour parer au moindre inconvénient dans l’illumination, ceux-ci n’y purent rien.

Les invités stupéfaits virent passer sur cet écran mystérieux des tableaux représentant la débâcle qui avait noyé cinquante ouvriers. (Les ouvriers revenaient à la surface avec des airs menaçants contre cette foule de viveurs enivrés). Ce premier tableau fut suivi d’un autre, représentant le sauvetage des inondés dans des chaloupes, puis ce fut le triste cortège des charrettes chargées de ménages, échappés à l’inondation. Les femmes et les enfants, harassés de fatigue, suivaient les véhicules à haridelles. Enfin, on vit sauter ce barrage qui avait coûté cent millions de dollars.

Monsieur Duprix vociférait, hurlait, pour ainsi dire, son mépris contre ses électriciens qui ne pouvaient arrêter ce spectacle inattendu et mal venu. Ne pouvant croire au surnaturel, il les accusa même d’en être les auteurs.

« Mané Thécel Pharés ! » cria un invité, couché et ivre-mort, dans un coin de la salle. Monsieur Duprix devint d’une pâleur livide en entendant ces mots, et tomba foudroyé sur le parquet de glace, qui devait être son tombeau.

Des cris et des lamentations suivirent ce dénouement tragique. En un clin d’œil, la place était vidée et tous fuyaient à pied, à la lueur des projecteurs, ce château féerique, mais apparemment maudit. Ils purent ainsi regagner leur