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Le maître des cérémonies continua ainsi, pendant une heure, la nomenclature des invités, à mesure qu’ils présentaient leurs cartes, avec leurs titres, quand ils le désiraient.

Un orchestre de musiciens, triés sur le volet, remplissait la vaste salle d’une musique douce et harmonieuse, pendant que les invités examinaient, à la clarté éblouissante des millions d’ampoules électriques, les détails de cette mosaïque lumineuse.

À l’entrée d’Agathe, tous les yeux s’étaient portés vers elle, car, contrairement aux autres jeunes filles, elle était modestement habillée. Une robe de satin blanc l’enveloppait complètement, ne laissant paraître que ses avant-bras. Elle fut immédiatement entourée de jeunes galants, ce qui n’eût pas l’heur de plaire aux mamans qui avaient si bien réussi à déshabiller leurs filles.

Un jeune artiste américain la pria de lui accorder la première danse dans un fox-trot.

— Je ne danse pas le fox-trot, répondit-elle bien gentiment à celui qui lui avait offert son bras.

— Je vous en félicite, lui glissa-t-il à l’oreille, ça ne convient pas à un ange !

On ne tarda pas à la surnommer la petite oie blanche.

— J’en suis heureuse, car je tiens à la blancheur de mes plumes, répondit-elle à quelqu’un qui lui apprit le surnom qu’on lui avait donné. Allez dire à ces galants jars que je ne barbotte que dans l’eau claire.