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mées en jour par l’intensité des lumières. Chaque section avait été éprouvée séparément et on attendait l’ouverture du bal pour déchaîner ce fleuve de lumières destiné à éblouir les invités.

XX

Monsieur Duprix, calviniste américain, était marié à une juive qui avait hérité d’un milliard de dollars à la mort de son père. Cette fortune, ajoutée à celle de son mari, qui en possédait le double, constituait la plus riche union d’écus, en Amérique. Par un égoïsme inexplicable, le ménage était resté sans enfants. C’est pourquoi ils s’appliquaient à essayer de dépenser l’intérêt de leur immense fortune, sans toutefois y réussir. Le barrage et le château avaient à peine permis d’écouler les coupons d’obligations qu’ils gardaient dans leur voûte à New-York. Le couple possédait aussi des châteaux en Floride, en Californie et plusieurs en Europe.

Ainsi comblé de richesses, Monsieur Duprix avait fini par croire plus au progrès qu’à Dieu. Son épouse avait aussi beaucoup contribué à le détacher du reste d’esprit chrétien que garde encore sa religion. Il en était venu à déifier le progrès et toute sa vie s’en ressentait. Il professait un mépris souverain pour les pauvres. Il disait que la religion était bonne pour les petits, les sans talents ; que c’était le seul moyen de les tenir,