— Je t’amène de la visite, dit le bon vieillard à sa femme, quand celle-ci vint lui ouvrir la porte.
— C’est bien, mon vieux, très bien, pourvu que le Monsieur ne soit pas trop difficile.
— Soyez tranquille, Madame, vous verrez que votre pensionnaire d’un soir s’accommodera bien de votre cuisine.
Le bedeau offrit un fauteuil à André qui s’y laissa choir. Les chromos et les portraits de famille, suspendus au mur du modeste vivoir du vieux couple, attirèrent son attention.
— Ça vous intéresse, ces portraits ? dit le père Coulombe. Voici le portrait de mon père ; un homme bien planté comme vous voyez. Ça, c’est celui de ma mère, une belle figure, hé ! Elles sont toutes belles nos mères ! Celui-ci c’est notre portrait de noces. J’étais plus jeune qu’aujourd’hui, dit le vieux en badinant.
— Mais pas plus beau ! cria Madame Coulombe du fond de la cuisine en riant abondamment.
— Ce n’est pas la beauté qui apporte à dîner, ma vieille, répondit le père Coulombe en appuyant sur les mots.
— Quant à ça, mon vieux, c’est bien vrai, car je n’ai pas souvent manqué de dîner. Ah ! si seulement j’avais été meilleure cuisinière, peut-être que j’aurais fait encore mieux ; mais, ajouta-t-elle, toujours en taquinant son vieux : une belle femme ne donne que ce qu’elle a ! J’ai toujours passé pour belle femme !
— T’as bien raison !