Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 211 —

même pas contribué à la mettre en mouvement, mais, du moment qu’elle était déclanchée, c’était mon devoir de la soutenir.

— Il y a longtemps qu’ils auraient demandé grâce, sans votre participation !

— Et vos usines fonctionneraient encore le dimanche !

— Devant la nécessité, il n’y a pas de loi !

— Dieu n’a pas institué le troisième commandement pour le laisser transgresser et cette grève est la punition qu’il vous a infligée afin de vous ouvrir les yeux.

— Je n’avais pas pensé à cela, Selcault. Peut-être avez-vous raison ; mais si je ferme mes usines le dimanche, j’opérerai à perte.

— Alors comment arriverez-vous de l’autre côté avec une fortune que vous aurez édifiée en profanant le dimanche ?

Monsieur Drassel hésita un instant, puis répondit par une question :

— Acceptez-vous le ministère qu’on vous offre dans le nouveau cabinet socialiste ?

— Si c’est du socialisme, c’est du socialisme chrétien, et j’en suis ; mais je crois que vous le dites plutôt par dérision.

— Dieu m’en garde ! Peut-être n’ai-je pas la juste compréhension du socialisme. En tous cas n’y voyez aucun sarcasme au sujet de Monsieur Boisjoli. Ce n’est d’ailleurs pas le temps de discuter cette question qui m’intéresse plus ou moins, moins que plus ! Celle qui nous occupe en ce