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respire en pressant sur mes lèvres ce pétale vivant, tiré de votre cœur, me prouve qu’en effet, le langage des fleurs ne ment pas. Une intuition intime me disait que vous approuviez ma conduite, car je connaissais vos principes : J’en ai aujourd’hui l’assurance et c’est la plus belle récompense que Dieu pouvait me donner pour les sacrifices que j’ai faits pour lui.

J’ignore quel sera le résultat de l’entretien que j’aurai demain avec votre père ; mais, quoi qu’il advienne, je resterai fidèle à mon serment jusqu’au jour de ma réhabilitation complète, pour laquelle je sollicite la faveur de vos ardentes prières.

André.

XVI

Le bruit s’était répandu qu’un ministère avait été offert à André dans le cabinet Boisjoli et Monsieur Drassel l’avait appris par les journaux. Fort de cette offre, c’est avec un air d’assurance que le jeune homme se présenta au bureau de son patron pour répondre à son invitation.

— Entrez ! dit Monsieur Drassel d’un ton aimable, quand il frappa à la porte.

Après avoir offert un siège à André, Monsieur Drassel entra immédiatement en matière.

— Vous m’avez causé un grand tort, Selcault, dit-il.

— Je ne le conçois pas ainsi, répondit André. Ce n’est pas moi qui ai déclaré la grève ; je n’ai