Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/207

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 209 —

Après la messe, il retourna à sa pension encore rempli de cette émotion intense qu’il venait d’éprouver. Il relut la petite note d’Agathe, la posa devant lui et se mit à écrire.

Ma chère Fiancée,

Avec quel bonheur j’ai lu et relu votre note, encore pleine du souvenir de la marguerite qui dit : je t’aime, et du parfum des roses qui disent : je t’aimerai toujours.

Mu par le sentiment du devoir, je me suis joint aux grévistes pour appuyer leurs justes revendications auprès de votre père, assuré d’avance de sa colère et risquant de perdre votre affection. Les mots que je relis en ce moment, en même temps qu’ils me rappellent des choses inoubliables, me prouvent que vous m’avez compris et que vous avez aussi compris le motif de mon silence au cours de ces longs mois d’angoisse.

Combien de fois ai-je saisi ma plume pour vous écrire, et combien de fois l’ai-je remise à sa place, incapable de continuer ? Dieu seul le sait, mais j’éprouvais toujours, je ne sais quelle crainte indicible ! Crainte puérile, puisque je suis toujours assuré de votre fidélité. Ai-je craint réellement ? Vous m’aviez donné votre parole, vous m’en aviez vous-même fait le serment et vous n’aviez rien retiré. Ah ! oui, vous êtes bien l’objet chéri dont la rose est l’emblème ! Le doux parfum que je