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André s’avança à la tête des grévistes et salua son patron.

— Ah ! vous voilà qui venez parlementer. Je savais bien que, quand vous auriez faim, vous demanderiez grâce !

— Vous vous trompez du tout au tout, Monsieur Drassel, répondit André. Les ouvriers, qui ont meilleur cœur que vous ne pensez, ont constaté que les turbines subissent des dommages considérables par l’infiltration de l’eau qui menace leur destruction.

— Ce n’est plus le temps de venir pleurer sur mes malheurs, vous qui les avez causés, répondit le patron d’un air froid. Que les usines sautent ou croulent, peu m’importe.

— Prenez garde de prophétiser, répondit André d’un ton ferme. Les esprits s’échauffent et j’ai peine à les contenir.

— Si vous ne les aviez soutenus, il y a longtemps que je les aurais réduits à demander grâce !

— Il n’y a pas qu’ici où les esprits s’agitent, tous les ouvriers de la province menacent de déclarer une grève de sympathie. Les vôtres menaceront peut-être l’usine, si, par votre obstination à ne pas laisser réparer les dommages, vous montrez votre détermination à la fermer.

— J’appellerai la police à mon aide, répondit Monsieur Drassel, se levant comme pour menacer la délégation.

— Trop tard, Monsieur Drassel, répondit André en dépliant, devant les yeux de son patron, un