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est sacrée. Il m’a déjà dit combien il déplore ce travail ininterrompu le jour du Seigneur. Je suis de son opinion, car le petit catéchisme de Québec dit la même chose. J’ai aussi lu dans l’Histoire Sainte qu’un homme avait été puni de mort pour avoir ramassé du bois le jour du sabbat, et pourtant, son crime n’était rien en comparaison de celui des papetiers du Canada qui forcent des milliers d’hommes à violer le dimanche.

— Ah ! les principes ; j’en ai, moi aussi ! Je suis catholique et c’est à regret que je suis tenu de faire comme les autres pour leur faire concurrence. Vaudrait autant la ruine immédiate, complète, que la ruine à petite dose !

— Tu parles à tort, reprit Madame Drassel. Ce n’est pas le travail du dimanche qui enrichit.

— Vas-tu prendre leur défense, maintenant ?

— Non, mais devant le fait accompli, il vaudrait peut-être mieux céder tout de suite.

— Céder, jamais ! Il ne sera pas dit que chez Drassel, c’est la queue qui mène la tête ! Ah ! Selcault ! Il me le paiera ! Sans lui je les aurais vite matés !

— Qui sait, c’est peut-être pour le mieux, répondit timidement Madame Drassel. Un bateau sans gouvernail est plus exposé à périr que celui qui en est muni. André ne laissera pas commettre de dépradations par les ouvriers ; ils ont pleine confiance en lui.

— Tiens, voilà que tu prends sa défense… et que tu l’appelles André à ton tour. Il est bien vrai de dire que les femmes sont toujours de travers !