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celle du dimanche qui a été dictée par Dieu dans le décalogue. Je sais qu’en m’unissant à vous, je sacrifie mon avenir, mais je le fais sans regret, heureux de servir une bonne cause, la vôtre comme la mienne, mais surtout celle de Dieu, qui a travaillé six jours et s’est reposé le septième. »

Un tonnerre d’applaudissements couvrit les dernières paroles d’André, puis les ouvriers se dispersèrent pour gagner chacun leur domicile.

XIII

Monsieur Drassel était rentré furieux à la maison, et c’est avec des éclats de voix auxquels les siens n’étaient pas habitués, qu’il leur annonça la mauvaise nouvelle.

— Me voilà ruiné ! dit-il en se jetant dans un fauteuil. Toute une vie de travail pour amasser une fortune qui, demain, peut-être, s’échappera en fumée. Qui sait ce que peuvent faire des ouvriers en fureur ? Et ce Selcault, qui, par surcroît, s’est mis de leur côté.

— Que dis-tu, papa ? dit Agathe toute tremblante.

— Je dis… je dis… que j’ai réchauffé une vipère !

— Non, papa, je crois que la colère t’aveugle au sujet d’André. Tu sais qu’il a toujours été contre le travail du dimanche ; comme toi, d’ailleurs, au fond. S’il t’avait appuyé tu n’aurais plus eu confiance en lui, car il aurait prouvé qu’il manque de sincérité. Pour lui, l’observance du dimanche