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Rendu à leur comité de réunion, celui qui s’était constitué le chef des grévistes les harangua ainsi : « Messieurs, vous venez de poser un acte qui vous fait honneur. La violation du dimanche qui s’étend à toutes les usines de papier de la province est une chose que nous avons fini de tolérer. Vous avez pris en main l’autorité qui, elle, a failli à son devoir ! Il nous faut cependant agir, au cours de cette grève qui pourra être longue, comme de vrais chrétiens, dignes de ce nom. Il siérait mal à des catholiques de se livrer à des violences qui pourraient les conduire à commettre des dépradations ou à causer quelque désordre. Vous respecterez la propriété de votre patron qui vous a toujours bien traités et bien payés. Il souffre du mal de tous les papetiers : celui de croire que les usines ne peuvent cesser le travail du dimanche sans encourir de grands dommages. Monsieur Drassel est un homme juste, et sous cet air autoritaire qu’il prend à l’usine se cache un cœur d’or. Il ne transige pas avec son autorité. La surprise que vous lui avez causée est la raison des insultes qu’il nous a prodiguées, mais je suis sûr qu’il regrette déjà les paroles acerbes qu’il a proférées. Quand il aura compris l’honnêteté de vos motifs, il se rendra à vos désirs.

« Comme vous, je subis l’outrage d’un renvoi insultant ! Comme moi, vous resterez calmes, et respectueux des lois. Quand notre patron verra que nous respectons la loi de l’ordre, il respectera