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— Je préfère tout vous dire maintenant, et si, connaissant mon histoire, vous m’aimez encore…

— Je vous jure, interrompit Agathe, que si vous avez eu des malheurs, je ne vous en aimerai que davantage !

Tous les invités étaient retournés à la danse, pendant qu’André racontait à sa fiancée le récit de ses malheurs. Agathe l’écoutait avec une religieuse attention et portait de temps en temps son mouchoir à ses yeux.

Le jour surprit les danseurs fatigués qui se séparèrent pour retourner chacun chez soi. Écrasée par le récit d’André, Agathe se retira immédiatement dans sa chambre qu’elle ferma à clef, pour être bien seule avec ses pensées.

« Je ne vous épouserai pas cependant, avant d’avoir réhabilité mon honneur et repris mon nom véritable » : telles furent les dernières paroles d’André en quittant Agathe. Cette phrase dite sur un ton sans réplique résonnait encore à ses oreilles ahuries. Qu’importe, ils s’étaient juré fidélité en face de Dieu qui sait tout et « des fleurs qui ne mentent pas ».

Elle posa sa tête fatiguée sur son oreiller et le sommeil ne tarda pas à la vaincre, harassée qu’elle était par la fatigue et l’émotion de cette nuit inoubliable.