Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 193 —

ils dansaient séparément, mais toujours avec entrain.

Madame Drassel invita ses hôtes à passer à la salle à manger pour réveillonner. Un étalage de fleurs des plus variées ornait les multiples tables de deux et de quatre couverts. Un bouquet de marguerites ornait celle où Peter Wolfe prit place. Il en saisit une, l’effeuilla nonchalamment : Elle m’aime, elle ne m’aime pas ; elle m’aime, elle ne m’aime pas… Elle… ne… m’aime… pas, dit-il à demi haut, en tirant le dernier pétale et en cherchant sa mère du regard.

André et Agathe s’assirent à une table de deux couverts, au milieu de laquelle un bouquet de six roses rouges répandait son suave parfum.

— Vous me disiez, quand nous avons quitté la salle à manger, après avoir effeuillé les pétales de marguerites, que le langage des fleurs ne ment pas ?

— Non, jamais ! Et savez-vous ce que représentent ces roses rouges ?

— Je l’ignore, répondit André un peu embarrassé.

— Leur couleur représente l’amour, et leur parfum, la fidélité !

— Et comment faites-vous parler celles-ci ?

— Celles-ci ne parlent pas : On y lit comme dans un livre. Le rouge représente le sang qui vient du cœur, et le parfum, qui demeure même après qu’elles se sont fanées, la fidélité ! Ce qui veut dire que l’amour est fidèle même après la mort.