Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 192 —

— Il ne restera plus de marguerites, répondit André, si tout le monde se met à les effeuiller.

— Vous ne voulez pas savoir si je vous aime ? dit câlinement Agathe.

André saisit nerveusement une marguerite et commença à arracher les pétales à son tour.

— Pourquoi tremblez-vous ? dit Agathe.

— Si elle allait mentir, répondit tristement André.

— Si elle a l’air de vouloir mentir, tirez les deux derniers à la fois, chuchota tout bas Agathe à l’oreille d’André.

— C’est une idée, répondit-il rassuré ; et il se mit à arracher deux pétales à la fois.

— Comme vous y allez ! remarqua Agathe.

— C’est l’amour qui la dévore ! répondit André, tout en continuant à arracher deux pétales à la fois. Il m’en reste deux ! Alors, voilà ! Elle m’aime deux fois, dit-il en riant.

— Le langage des fleurs ne ment pas ! reprit Agathe sérieusement.

L’orchestre se mit de nouveau en mouvement et les gens mariés s’alignèrent pour un quadrille. Monsieur Drassel offrit son bras à Madame Wolfe, pendant que Madame Drassel accepta celui de Monsieur Rancourt. Stimulés par l’exhubérance de la jeunesse qui les avait précédés, ils dansèrent avec entrain, comme si les années n’avaient pas encore laissé sur eux leur empreinte.

On dansa ainsi jusqu’à une heure du matin. Tantôt les jeunes se mêlaient aux plus âgés, tantôt