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— Vous le connaissez ?

— Il vous ressemble à ne pas s’y tromper !

— Un beau joueur de golf, je vous assure ! Et beau danseur, comme vous voyez. Il a pris vingt leçons chez un professeur, pour se mettre au courant de ces danses anciennes, que je ne prise guère, vous savez.

— Et que fait votre fils dans la vie ?

— Il joue au golf ! répondit Madame Wolfe, presque scandalisée de la question de Madame Rancourt.

— Franchement, j’aime mieux l’emploi de Monsieur… Comment dites-vous, Sel… ?

— Selcault !

— Eh bien ! Monsieur Selcault a certainement un avenir brillant devant lui ; déjà gérant de la plus grande pulperie du Canada, à son âge !

La danse finit au moment où Madame Wolfe, rompant la conversation avec Madame Rancourt, alla s’asseoir près de Madame Duprix.

André et Agathe se dirigèrent vers la salle à manger que l’on avait commencé à préparer pour le réveillon. Un bouquet de reines-marguerites ornait le milieu de la table d’honneur. Agathe en prit une dans ses mains et commença à en arracher les pétales un à un.

— Il m’aime, il ne m’aime pas, il m’aime, il ne m’aime pas, il m’aime, il ne m’aime pas… Il m’aime ! dit-elle joyeusement, en arrachant le dernier pétale. Essayez à votre tour, dit-elle à André.