Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 189 —

— Tu l’annonceras toi-même à Agathe, pour que nos différends n’aillent pas jusqu’à elle.

— Tu me combles, répondit-elle, toujours du même air railleur.

XI

Les arts, les lettres, la science, la finance, les professions libérales, le commerce étaient représentés, au soir du onze novembre, chez les Drassel. Les costumes de l’époque de 1830 donnaient du relief à la fête. Le beau sexe, en particulier, avait mis toute sa coquetterie à n’oublier aucun détail des toilettes de cette époque.

Agathe parut au bras de son père, vêtue d’une robe gris argent, pailletée d’or. Une bouffée d’admiration sortit de toutes les poitrines, à la vue de sa robe simple, complète, et par là même distinguée.

Il fut convenu qu’Agathe prendrait part à la première danse avec les jeunes, et chacun se mit en devoir de se choisir une partenaire.

— Demande Mademoiselle Drassel, avait chuchoté Madame Wolfe à l’oreille de son fils.

Fort du conseil de sa mère, Peter Wolfe s’avança vers Agathe et fut suivi des yeux par toute l’assistance.

L’air désappointé d’Agathe fit pressentir un échec au fils de l’ambitieuse juive. Elle répondit assez haut pour être entendue de tous :

— Je le regrette beaucoup, mais ma première danse est promise à Monsieur Selcault.