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discrètement avec qui ils vivaient, soit en pension, soit chez leurs parents.

Informations prises, André apprit que ses deux frères demeuraient « Au Bassin ». Alors, se dit-il, j’irai à la messe à Chicoutimi-Ouest, dimanche prochain, où je suis sûr d’y voir ma mère.

Les jours qui précédèrent le dimanche lui parurent bien longs. À peine le soleil s’était-il levé sur le jour du Seigneur, qu’il faisait sa toilette et partait pour l’église, avec l’intention bien arrêtée d’assister à toutes les messes jusqu’à ce qu’il ait vu sa mère. La messe des ouvriers avait lieu à cinq heures parce qu’ils étaient obligés de se rendre au travail aux mêmes heures que sur semaine. Il entendit toutes les messes basses sans apercevoir l’ombre de ses parents.

Il ne restait plus que la grand’messe à entendre et il en aurait la conscience nette. Il s’assit dans le dernier banc, à gauche de l’église, tout en méditant sur sa visite à la basilique de Québec. C’est là qu’il avait rencontré ce bon Monsieur Coulombe, qui lui avait si charitablement offert un gite pour la nuit, où il avait fait la connaissance de cette si bonne femme qui lui rappelait tant les traits de sa mère.

La messe était à la veille de commencer. L’orgue tantôt ronflante, tantôt lançant ses notes aiguës vers le ciel, faisait vibrer la voûte de la vaste nef. Une femme aux cheveux blancs, accompagnée de son mari, portant une moustache poivre et sel, taillée en broussaille, entra dans l’église. Ils