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n’importe quoi. Tout ce que je puis vous dire d’eux, c’est que ce sont des inondés.

André sentit tout son sang se retirer des veines. Se pouvait-il que ce fussent ses frères ? Alors, son père et sa mère étaient dans la région, ils étaient même à Chicoutimi, sans doute ! Sa première idée fut d’aller se jeter immédiatement dans leurs bras, mais il se ressaisit. Oh ! non, il ne braverait pas le regard de son père avant qu’il soit en possession de son ancienne terre ; alors oui, alors seulement, il irait les voir. Il avait donné ses instructions au notaire et, dans quinze jours, il aurait toutes les informations nécessaires. Il allait s’enquérir immédiatement de leur adresse et la dépêcher au notaire. Par contre il les verrait peut-être à la messe du dimanche.

Vivant à Chicoutimi, sous un faux nom, la position importante qu’il occupait à l’usine, une moustache en progrès, tout contribuait à lui conserver son incognito. Il résolut quand même, pour en avoir le cœur net, d’aller faire une tournée d’exploration à l’expédition où ses deux frères avaient été placés, pour s’assurer de leur identité.

André passa, grave, près de ses deux frères qu’il reconnut à l’instant. Aucune trace d’émotion ne le trahit, quoique son cœur battit à se rompre, lorsqu’il se vit si près d’eux.

Sous prétexte que l’on avait demandé au bureau l’adresse des deux Lescault, André pria le contremaître de la lui procurer et de tâcher de savoir