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Son mince habit le protégeait mal contre cette intempérie qui l’avait suivi depuis son départ. Il baissa sa casquette de drap sur ses oreilles et enfonça ses mains dans les poches de son pantalon. Il s’arrêta un moment pour contempler le promontoire qui se dressait devant lui, où les maisons semblent accrochées à ses flancs solides. Il traversa le parc en face de la gare et s’engagea dans la Côte du Palais, gravissant cette montée d’un pas précipité, comme un homme qui a un but à atteindre dans un temps déterminé. Arrivé à la bifurcation de la rue Saint-Jean, il hésita quelque peu, et partit ensuite du côté est pour tomber sur la côte de la fabrique qu’il gravit à pas précipités.

Arrivé en face de la Basilique, il s’arrêta songeur, puis accélérant le pas, il traversa la grille de fer et pénétra dans l’église. Il s’agenouilla, dans la demi obscurité, désirant n’être aperçu de personne.

— Oh ! Dieu qui sondez le fond des cœurs, soyez-moi propice ; guidez-moi dans la vie que je recommence ! Faites que je recouvre mon honneur perdu ! Pour moi ? non, mais pour mes pauvres parents que je ne reverrai peut-être jamais ! Telle fut l’ardente prière qui sortit spontanément du cœur d’André.

Une douce chaleur tiède régnait dans la vaste nef de la Basilique restaurée. Les fidèles venaient nombreux faire leur prière du soir en passant du bureau, ou du magasin, à la maison. Il resta longtemps silencieux, observant ce va-et-vient