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Le jeune homme raconta en détail leur départ de Verchères, la prise de possession de leur nouvelle terre, le dur labeur qu’ils eurent à essuyer, la belle apparence subséquente de leur propriété, puis, la terrible catastrophe ; enfin, leur sauvetage précipité et la nécessité pour eux de demander de l’ouvrage.

Monsieur Drassel suivait avec le plus grand intérêt le récit du jeune homme qui, s’étant dégêné devant son affabilité, parlait maintenant avec assurance ; accentuant les parties les plus tragiques de son récit, il impressionna fort l’industriel. Celui-ci pressa un bouton et le chef de bureau apparut immédiatement dans la porte.

— Dites au contremaître de prendre ces deux jeunes hommes à l’usine.

— Mais le personnel est au complet, répondit le chef. Le contremaître ne saurait où les placer. Si nous prenons ceux-ci, d’autres solliciteront la même faveur et il ne pourra les satisfaire. Il y a déjà deux cents familles d’inondés à Chicoutimi.

— Vous ai-je demandé conseil ? répondit sèchement Monsieur Drassel. Qu’il prenne ces deux-ci ! nous verrons pour les autres.

Les jeunes Lescault sortirent du bureau de Monsieur Drassel, heureux de s’être si facilement casés et moins convaincus de la méchanceté des riches. Après tout, ils auraient de l’ouvrage, ce qui leur permettrait de subvenir aux besoins de la famille. Leur père étant vieux et fatigué, ils lui épargneraient au moins