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Voici un chèque signé… J’ai laissé le montant en blanc. Pour ne pas vous laisser dans l’embarras, je puis vous dire que j’ai deux millions à la Banque d’épargne. Mettez le montant qu’il vous plaira.

André prit le chèque dans sa main, le contempla longuement pendant que Monsieur Drassel s’occupait à autre chose. Croyant deviner de la gêne chez André, il reprit :

— Vous pourrez le remplir à votre pupitre, mais, comme je vous l’ai dit, le montant importe peu, pourvu qu’il soit couvert par mon dépôt.

— Monsieur Drassel, répondit André en lui remettant le chèque, si je ne connaissais l’étendue de l’amour que vous avez voué à votre fille unique, je considérerais cette offre de récompense comme une injure. La satisfaction du devoir accompli me suffit et je serais embarrassé d’une fortune que je n’aurais pas édifiée moi-même. La richesse n’a de valeur pour moi qu’en autant qu’elle est le fruit du travail.

— J’admire vos idées, qui sont les miennes, mais alors que puis-je faire pour vous ?

— Monsieur Drassel, l’éponge que vous avez mise sur mon passé m’est une récompense suffisante. Ah ! si vous saviez ce que j’ai souffert !

— Alors je vous fais une proposition d’affaires, dit M. Drassel coupant toujours ses phrases. Je n’ai pas édifié ma fortune sans surmenage, comme vous vous l’imaginez sans doute. Je me sens un