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— Calme-toi, peut-être l’inondation n’est-elle pas aussi sérieuse que les journaux l’ont rapportée ! Il vaut toujours mieux aller aux renseignements.

— Tu as peut-être raison. Pendant que je prendrai mon déjeuner, veuille donc faire avertir le chauffeur d’aller chercher Selcault. Je veux le remercier, d’abord, et, ensuite, m’enquérir de ce qui se passe aux usines, avant de prendre mon bain.

— Comme tu voudras, mais je t’assure que je ne tiens pas à ce que cet aventurier devienne trop familier à la maison.

— Aventurier, as-tu dit ? Mais quelle mouche te pique !

— Aventurier ! je le répète ! Ne vois-tu pas dans tout ceci une affaire montée ?

— Je n’y vois rien de tel.

— Ah ! tu es bien naïf, pour un homme de ton âge ! Tu ne vois pas ? Agathe sort inopportunément pour une promenade matinale. À cinq heures, tu admettras que c’est matin ! Elle tombe à l’eau ; comment ? Dieu le sait ! Chose encore plus mystérieuse, le héros est là, tout près, pour la repêcher. Il nous la rapporte triomphant sur ses épaules, avec un air de modestie de commande. Deux jours plus tard, il se faufile près d’Agathe et lui demande presque sa main en ma présence.

— Tu divagues, ma femme ! répondit Monsieur Drassel, en sucrant son café. Sur quoi bases-tu cette histoire, qui ne tient pas debout ?